Léo Cohen-Paperman, metteur en scène que vous avez pu découvrir la saison dernière avec Génération Mitterrand, présente sa vision du Tartuffe ou l’Imposteur de Molière, choisissant la version de 1667 où le Roi intervient comme exécuteur de la Justice divine. Ici, Tartuffe, faux dévot, conquiert la famille d’Orgon avant d’être démasqué et finalement arrêté sur ordre de Louis XIV. Le rire réintroduit la vie face aux dogmes et intégrismes. Soulignant le paradoxe historique du pouvoir autoritaire de Louis XIV sauvant Orgon et permettant à Molière de jouer son œuvre, cette pièce questionne ainsi les rapports entre autorité et création artistique. Rejetant l’actualisation moderne, le metteur en scène opte pour des costumes d’époque, place le public en cercle autour des acteurs pour que, derrière la rigueur classique, émerge la sensualité théâtrale. La scénographie épurée met en valeur le jeu des comédiens et la virtuosité du texte, créant une tension permanente entre apparence et réalité. Ce Tartuffe réaffirme la pertinence du propos de Molière sur l’hypocrisie religieuse et sociale, résonnant avec notre époque.